15.2.07

Une vieille interview de Pequeno

Alexandre Franca NogueiraEntrevue avec Alexandre Franca "Pequeno" Nogueira

À tout juste 22 ans, avec 1m65 et un peu moins de 64 kg, Alexandre "Pequeno" est bien loin du stéréotype du combattant, mais il révèle un véritable esprit guerrier. Au plus fort de la rivalité qui opposa le jiu-jitsu et la luta livre, il s’inscrivit au championnat de jiu-jitsu de l’état de Rio et pénétra sur les tatamis avec un kimono portant dans le dos l’inscription "luta livre" et alla même jusqu'à finaliser tous ses combats. Mais il est aussi un surdoué du vale tudo. Alexandre Franca Nogueira dit "le petit" est aussi surnommé "Le Roi du Japon". Il est actuellement le seul non japonais a avoir pris la ceinture du Shooto (compétition japonaise de combat libre centenaire). Il s’y impose pour la septième fois en y restant invaincu et après avoir finalisé les meilleurs de sa catégorie sur une position de son cru, une guillotine surnommée "Dez Dedos", les "dix doigts".

Alexandre, cela fait combien de temps que tu pratiques la luta livre esportiva ?
Je pratique cette discipline depuis 10 ans, j’ai fait mon premier combat à l’âge de 12 ans. J’ai commencé avec mon maître Eugênio Tadeu et depuis le 10 novembre 1999, je m’entraîne à l’Académie de Hugo Duarte pour le vale tudo.

Comment es-tu venu à cette discipline ?
Par hasard. À l’époque mon unique passion était la pêche sous marine et puis un jour j’ai rencontré Eugénio Tadeu sur la plage, qui me proposa de passer à son Académie. Au départ je suis juste venu pour voir, puis un jour je me suis lancé. A mes débuts j’ai surtout servi de sac de frappe et de mannequin sur qui les autres essayaient leurs finalisations. Mais après beaucoup d’entraînements et de temps, j’ai fini par développer mon propre style, jusqu’au moment où je suis arrivé à finaliser des gars beaucoup plus grands et plus lourds que moi. Cela à fait chier beaucoup de monde ! Ils m’appelaient " Super Glue ".

Et tu as été passionné dés le début ?
Tout de suite ! Je m’entraînais avant et après l’école, en moyenne 6h par jour. À la maison, je regardais les vale tudo à la télé et j’étudiais les positions. C’était devenu un vrai laboratoire, je les écrivais, les dessinais, les analysais, c’est comme ça que j’ai créé différentes positions comme le "Dez Dedos" qu'aujourd’hui tout le monde utilise, mais le mien a un secret. Dès que j’ai pris plus d’assurance, j’ai décidé d’agrandir mon champ d’action. Alors j’ai visité différentes Académies de luta livre et aussi de Jiu-Jitsu comme celles de Royler, Manimal (préparateur de Carlson pour le vale tudo), Casquinha, etc… Et chaque visite était pour moi une nouvelle expérience et m’appris beaucoup. C’est ce qui m’amena à fréquenter diverses compétitions de Jiu-Jitsu et en 1995 à être sacré champion de l’état de Rio dans ma catégorie et en ceinture bleue. Cela avait fait du bruit parce que déjà j’étais rentré sur le tatami avec un kimono portant l’inscription "Luta Livre", mais en plus j’avais finalisé tous mes combats.

Comment se fit ton entrée dans le vale tudo ?
Un impresario appela Eugênio Tadeu, car il cherchait un combattant de 65 kg. Eugênio avait confiance en moi et savait que j’avais les capacités requises, alors il me proposa de combattre. J’ai accepté tout de suite et puis je m’entraînais déjà à la luta livre et au vale tudo quotidiennement.

Tu deviens une star au Japon !
C’est vrai que je commence à être connu là-bas et j’ai même ma caricature dans les magazines de combats. Mais je ne suis pas une star ! J’ai déjà combattu sept fois au Japon au World Shooto et j’ai remporté tous mes combats. La première fois ce fut contre Asahi Noburu qui, à 32 ans, était le détenteur de la ceinture de la compétition et le numéro un du Rank japonais avec un palmarès de trente combats et trente victoires en vale tudo. Je l’ai vaincu sur guillotine en une minute au premier round. Je l’ai endormi. Mon deuxième combat fut contre le troisième du Rank Masahiro Oshi ; je l’ai vaincu au premier round sur clé de bras. Mon troisième combat fut la revanche contre Asahi Noburu où il mit sa ceinture en jeu. Au deuxième round, je l’ai pris en guillotine et je l’ai endormi dans la même position que la première fois. Depuis la ceinture est à moi. Je suis le seul non japonais à avoir pris la ceinture de la compétition et quelle que soit la catégorie. Par la suite j’ai aussi battu Tatsumi, le deuxième du Rank, Oshi Mamoru le troisième et de nouveau Tatsumi. Je les ai tous endormi sur la même position, ma guillotine ou "Dez Dedos". Au dernier Shooto, j’ai remis ma ceinture en jeu contre Stephen Palling, un Hawaïen. Ce gars, on aurait dit le Igor Vovchanchyn des poids légers ! Je n’ai jamais vu une patate pareille ! Mais heureusement, au deuxième round j’ai réussi à lui placer ma botte secrète et je l’ai endormi. Malheureusement, Cromado n’a pas eu la même chance que moi. Après avoir dominé tout le combat contre Mishima, alors qu’il était donné perdant à 95%, il s’est fait prendre sur une clé de genou à dix secondes de la fin.

Au Japon tout le monde veut apprendre le "Dez Dedos" ?
Tout le monde ! Après l’événement nous avons donné un stage avec Cromado, à l’Académie de Yuki Nakai, pour 40 de ses élèves. Tout le monde voulait connaître le secret qui terrorise leur compatriote du Shooto. Mais j’avais bien spécifié le contraire dans les termes du contrat. À la fin du stage, et devant la presse japonaise, nous avons combattu avec tous les participants et Cromado et moi avons finalisé les quarante.

Comment se passe ta préparation avant un vale tudo ?
Ma préparation physique ! La base est la luta livre mais je pratique aussi un peu de boxe thaï et de wrestling. Je vais aussi courir sur la plage en plein soleil afin d’améliorer ma résistance. Mais surtout avant de partir pour le Japon, je fais une adaptation ici au Brésil. Huit jours avant, j’échange la nuit pour le jour, car nous avons très peu de temps pour nous acclimater avant les combats. Pendant ce temps je vais pêcher très tôt le matin, je cours la nuit sur la plage, je fais du vélo, mais je passe la plupart de mon temps à faire de la plongée.


Pour aller plus loin...

Aucun commentaire: